Conférence de Vincent Descombes (Ehess) : “Trois questions sur le sujet” - 3 décembre, CUF / Fac. de philo. de MGU

Le Centre de philosophie contemporaine et des sciences sociales de la faculté de philosophie de MGU et le Collège Universitaire Français de Moscou ont le plaisir de vous inviter à une conférence publique de Vincent Descombes, “Trois questions sur le sujet”, le 3 décembre à 17.00, dans la salle А-307 du Nouveau Bâtiment des facultés de sciences humaines (Lomonossovskiy Pr., 27/4, 3e étage; Ломоносовский проспект, д. 27, корп. 4, 3-й этаж).

La conférence aura lieu en français avec traduction simultanée en russe.

Vincent Descombes, directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, est un des philosophe français les plus féconds et les plus discutés de ces vingt dernières années. Depuis les années quatre-vingt, l'essentiel de son travail se situe à la croisée de la philosophie du langage, de la philosophie de l'esprit et de la philosophie de l'action. Il est notamment connu pour sa critique multiforme du cognitivisme dans une perspective issue de Wittgenstein. Ses études récentes sont consacrées à la nature et aux spécificités des relations sociales. Parmi ses publications: Le Même et l'Autre. Quarante-cinq ans de philosophie française (1933-1978) (1979), Proust: philosophie du roman (1987), La Denrée mentale (1995), Le Complément de sujet (2004), Philosophie du jugement politique (2008), Dernières nouvelles du moi (avec Charles Larmore, 2009).

L’ouvrage majeur Le complément de sujet vient d’être traduit en russe aux éditions NLO (V. Descombes le présentera au salon NonFiction le jeudi 2 décembre).

 Sont invités à cette conférence, et à la discussion qui va suivre, les enseignants, chercheurs, doctorants et étudiants spécialisés dans les différents domaines de la philosophie et des sciences sociales et humaines, ainsi que toutes les personnes intéressées.

Pour avoir accès au bâtiment de MGU les auditeurs extérieurs sont priés de s'inscrire avant le 30 novembre en envoyant leur noms, prénoms et patronymes à l'adresse e-mail: ff.sredy@gmail.com
Pour entrer dans le bâtiment vous devrez être munis de votre passeport.

---

ARGUMENT DE LA CONFERENCE :

Chacun sait la place qu'a tenue la question du sujet dans la philosophie moderne. Au XIXe siècle, il était entendu que l'on était passé d'une philosophie antique centrée sur l'être et la substance à une philosophie moderne centrée sur le moi et la connaissance (cf. Hegel, « penser l'absolu non comme substance, mais comme sujet »). Au XXe siècle, Heidegger a remis en question cette opposition : la philosophie moderne, de Descartes à Husserl, aurait manqué la question du sujet parce qu'elle aurait cherché à le concevoir en lui appliquant des concepts de la philosophie antique. Heidegger explique ainsi que le sujet cartésien (l'Ego) est conçu par les philosophes de la conscience comme le sujet logique dans la proposition : ego cogito. Pourtant, dit-il, la question du sujet, c'est-à-dire la question portée par le mot interrogatif « qui ? », devrait s'entendre tout à fait autrement : elle ne vise pas le sujet présent sous ses déterminations prédicatives, elle vise un « soi ».
Dans cette affaire, tout tourne autour de la question « qui ? ». En réalité, cette question « qui ? » n'est pas univoque, car elle correspond à trois constructions possibles :
1° « Qui est absent ? » (sujet d'un prédicat)
2° « Qui sonne à la porte » (sujet actanciel d'un verbe d'action)
3° « Pour qui se prend-il ? » (le « qui ? » est ici attributif)
Il y a donc trois manières de concevoir le sujet, et cela doit conduire à penser tout à fait autrement la nécessaire critique des philosophies traditionnelles du sujet.