Ressources pédagogiques - Philosophie

Présentation du cours de 1ère année

Enseignant : Karl SARAFIDIS

Introduction à la philosophie : De la cosmologie à la cosmopolitique

En posant la question de savoir si le philosophe doit se soucier du monde, le but de ce séminaire sera d’introduire à la philosophie.La cosmopolitique ne doit pas être entendue au sens restreint de l’internationalisme juridique, c’est-à-dire du cosmopolitisme. La polis, qui signifie en grec la cité, est un terme philosophique, et comme tel, elle n’est pas susceptible d’une définition historisante. Elle doit être comprise comme le lieu où prend place l’action des hommes qu’on appelle les politès ou citoyens. Le politique en ce sens ne se réduit pas au politicien, aux affaires conduites par les hommes politiques et les gouvernants. Selon Jacques Rancière, le politique articule deux dynamiques : la police qui distribue à chacun sa place dans un monde tout fait et la politique qui désigne l’activité d’émancipation et de partage d’un même monde qui se fait. Dans la politique, il est donc déjà question du monde. C’est pourquoi toute réflexion sur la répartition, le partage et la communauté, toute analyse du politique ne peut se dispenser d’une réflexion sur le monde. C’est là l’objet de la cosmologie.

À l’origine, c’est aux cosmogonies et aux cosmographies qu’il est revenu de penser le monde à partir des lois qui président à sa naissance et à son fonctionnement. La cosmologie s’interroge plutôt sur la continuité et l’unité de la polis avec le cosmos : une seule loi divine nourrit toutes les lois humaines déclarait Héraclite (DK 114). Bien plus, l’idée de la totalité englobant toute chose (le séjour divin au ciel et la cité humaine sur terre) constitue l’arrière-plan et l’horizon de tout projet philosophique. Dans ce domaine, chaque question particulière embrasse la totalité de ce qui est, et il n’y a jamais de question qui puisse être isolée de l’ensemble des questions : toutes se meuvent dans la même direction, celle du Tout.
Même lorsqu’elle n’est pas visée explicitement comme thème, l’idée du Tout est le présupposé à la base de la démarche questionnante, celle qui prend son origine dans l’émerveillement ou l’étonnement – ce sentiment d’ouverture au monde qui nous saisit au cœur de la quotidienneté pour y introduire de l’inquiétant et nous exposer au non-familier. Au quotidien, nous avons sans cesse affaire à des choses mondaines, identifiables et évaluées selon leur utilité ou leur nocivité par rapport à la satisfaction de nos besoins, de telle sorte que le monde lui-même reste secrètement en retrait ; son irruption dans l’affect marque le début de l’entreprise philosophique.
À la différence du savant, le philosophe ne cherchera pas à étouffer ce sentiment d’étrangeté. En se maintenant dans une attitude questionnante, il tient surtout à correspondre avec l’énigme que constitue l’étant en son tout, obéissant ainsi à la vieille sentence de Périandre de Corinthe qui ordonne de se soucier du tout (méléta to pan). C’est par là également que le philosophe apprend comme Socrate à se soucier de la mort (mélétè thanatou) puisqu’en se détachant de la fascination habituelle que portent les autres mortels pour leurs affaires et pour les objets, il cesse de vivre dans la dimension exclusive de l’extériorité.
En instituant un rapport nouveau et éveillé à la totalité, la philosophie se révèle à la fois comme souci du monde et comme prise en charge de notre finitude essentielle.
Mais comment la philosophie pourrait-elle concilier le caractère fini de l’humanité avec son désir profond de s’engager dans le tout, sinon en contribuant à rapprocher et à unir tous les hommes ? Dès lors, quelle forme de communauté est-elle le plus à même de faire participer les mortels au Jeu du monde, celui auquel prennent part également les dieux ?
Pour que notre introduction puisse être vraiment fidèle à sa visée, c’est-à-dire pour qu’elle puisse nous introduire dans la philosophie, il n’est pas d’autre issue pour nous que de nous placer dans la position la plus périlleuse qui soit, celle dont Kant nous dit qu’elle ne trouve ni dans le ciel ni sur la terre, l’appui nécessaire pour se maintenir fermement en équilibre. Une introduction philosophique à la philosophie doit pour ainsi dire, nous jeter d’emblée dans l’entre-deux du ciel et de la terre, cet intervalle multiple d’espace de jeu du temps qui nomme le Monde dans son ampleur et sa vastitude.
À cette occasion, nous veillerons à acquérir les outils méthodologiques qui permettent de lire un texte philosophique (méthode de l’explication de texte) et de donner à sa pensée une forme philosophique (méthode de la dissertation).

 

Présentation du cours de 2ème année

Enseignant : Karl SARAFIDIS

Ontologie et cosmologie.
La cosmologie n’est-elle qu’une métaphysique spéciale ?

Dans ce séminaire, il sera question de la persistance du discours philosophique sur le monde.
À l’aube de la pensée occidentale, les « physiologues » présocratiques ont voulu correspondre avec cette énigme intarissable. Mais avant eux encore, les poètes avaient emprunté la voie du mythe pour essayer de dire au moyen d’images et de figures la naissance et le devenir du cosmos. La « formule du monde » (Weltformel de Heisenberg), la science contemporaine continue de la rechercher dans le symbolisme mathématique mis en place à l’époque de Galilée et de Descartes.
Mais le monde ne se laisse pas représenter comme le croyait toute une tradition dominée par une « pensée de survol » (Merleau-Ponty) dont le point de vue est celui du spectateur kosmotheoros extérieur à ce qu’il se représente comme objet lui faisant face. Si l’inventaire des choses ne viendra jamais non plus à bout du monde, c’est parce que le monde ne désigne pas la somme totale des objets. À proprement parler, le monde n’est pas une chose, mais c’est l’horizon sous lequel des choses peuvent se présenter. Il désigne donc en premier lieu une ouverture primordiale. Et parce que le monde est l’Ouvert, il désigne aussi le devenir. De sorte qu’il peut être nécessaire de parler à son propos d’un « mondifier » comme n’hésitera pas à le faire Heidegger.
Comment dès lors la pensée est-elle tenue de se situer par rapport à ce qui l’englobe et qui se présente à elle comme ouverture et devenir ? La pensée doit-elle chercher à suspendre et à pétrifier le mouvement total en y introduisant la clôture et des césures (les concepts) avant et de peur que tout se transforme en son contraire ? Ou bien doit-elle au contraire accompagner ce mouvement infini et endurer jusqu’au bout le conflit et la contradiction, dans l’espoir de parvenir jusqu’à un savoir absolu ? C’est là ce qui, selon Hegel, distingue les deux formes de la pensée, l’entendement et la raison : le Verstand désigne la faculté trop humaine de fixer les concepts en les distinguant statiquement tandis que la Vernunft, est la puissance divine, infinie qui préside au mouvement dialectique. Kant déjà voyait dans la raison cette faculté par laquelle le sujet s’arrache à lui-même dans sa visée illimitée d’un inconditionné qui ne peut jamais devenir objet d’une expérience. Cet inconditionné est appelé ainsi parce qu’il n’est précédé d’aucune condition mais contient et détermine la totalité des conditions : pour Kant, Dieu est un inconditionné en tant qu’il est la condition suprême qui rend possible tout le pensable, le sujet pensant, le moi est l’exemple d’un inconditionné dans le rapport qu’il a avec ses propres représentations, le monde est un inconditionné en tant qu’il contient la totalité des phénomènes. Ce faisant, le penseur critique ne fait que répéter la tripartition formulée par Suárez pour qui la cosmologie rationnelle (cosmologia rationalis) est une des branches spéciales de la métaphysique, aux côtés de la psychologia rationalis et de la theologia rationalis. Cette tripartition sera reprise par Wolff, Leibniz jusqu’à Hegel. La métaphysique générale quant à elle traite de l’être en tant que tel (ontologie).
Mais il est facile de montrer à quel point la cosmologie a une place à part dans la détermination du projet d’ontologie. Dans une lettre adressée à son frère, Hölderlin écrit : « Il n’existe au monde qu’un seul litige, celui de savoir si c’est le tout ou le particulier qui prédomine » (Œuvres, bibliothèque de la Pléiade, trad. D. Naville, p. 996). Il convient dès lors de se demander : eu égard au monde, toute chose n’est-elle pas irrévocablement particulière ? Si le moi et Dieu sont des parties de la totalité, alors il appartient à la cosmologie d’en définir les contours et les aspects – mais une cosmologie débarrassée de la figure prédominante de la causalité physique, une cosmo-logie dont le caractère spécial et spécialisé par rapport à la métaphysique générale est dès lors à révoquer.
Dans la question de l’être telle qu’elle nous a été léguée par Platon et Aristote et telle qu’elle s’est déclinée selon ces trois régions capitales, se joue notre destin planétaire. L’unité de ces domaines ne va pas de soi, et à l’époque de la mort de Dieu (Nietzsche) et de la fin de l’homme (Foucault) – en tant qu’idéaux qui animent l’action et la pensée communes – le monde, dont Héraclite nous dit que nul homme, nul dieu ne l’a fait, et qui ne possède ni fin ni commencement, ce monde, l’unique, le plus beau de tous, reste à l’abri de sa propre dévastation. Le concept eschatologique de fin du monde est par définition trop particulier : il vient subrepticement de la théologie ou de l’idéalisme naïf qui s’y est adossé.
Le fait de chercher à endurer le litige qui oppose la totalité à ses parties aura pour effet principal celui de réviser les rapports entre le cosmologique et l’ontologique.

 

RÈGLES DE RÉDACTION DU MÉMOIRE DE DEUXIÈME ANNÉE

1. Rubriques du plan

A. Préliminaires (tout ce qui précède le mémoire)
a – Couverture : elle doit indiquer le nom de l’institution, l’année universitaire, le titre du mémoire, le fait que c’est un mémoire de Master en philosophie, le prénom et le nom de l’étudiant, le titre du mémoire, le nom du directeur du mémoire ainsi que celui de la personne qui a assuré l’encadrement, et enfin la date (voir exemple à la fin de ce document).
b – Page de garde : blanche, sans aucune mention.
c – Page de titre : identique à la page de couverture.
d – Éventuellement : dédicace, remerciements (nommer les personnes qui ont aidé ou soutenu pendant la période de rédaction) et épigraphe (une courte citation)
e – Éventuellement : sommaire avec les grands titres, sans les subdivisions (moins détaillé que la table des matières)

B. Texte du mémoire
a – Éventuellement : avant-propos pour rappeler les circonstances de l’étude.
b – Introduction
c – Développement (distingué en parties, chapitres, paragraphes.)
d – Conclusion

C. Références
a – Bibliographie
b – Facultatif : les Annexes et l’index des noms et des notions

D. Tables
a – Table des matières : titre des divisions et subdivisions avec les pages
b – Éventuellement : une table des illustrations
c – Éventuellement : une table des sigles et abréviations

E. Éventuellement : résumé et mots clés

2. Règles de rédaction

a – Longueur
Longueur du mémoire en Master 1 : 60 à 120 pages
Longueur du mémoire en Master 2 : 100 à 200 pages

b – Mise en page
Haut/Bas : 2 cm
Gauche : 2 cm
Droite : 3,5 cm
Reliure : 0,5 ou 1 cm

c – Corps de caractère
12 en Times New Roman avec interligne 11/2 en mode justifié
d – Pagination
- Ce n’est pas la peine d’utiliser une présentation recto/verso.
- Les numéros de page doivent être centrés dans l’en-tête ou dans le pied de page.
- Les pages de titre sont comptées mais ne doivent pas apparaître.

3. Citations

- Pour les citations brèves, privilégier les guillemets dans le corps du texte.
- Pour les citations longues, consacrer un paragraphe en retrait, sans guillemet avec interligne 1.
- L’abréviation « (sic) » sert à indiquer une erreur évidente.
- Lorsque la citation ne reproduit pas un passage du texte, indiquer par (…)

4. Les notes bibliographiques

• Les notes de bas de page suivent les mêmes règles que celles du corps du texte, mais sans les alinéas.
• La taille de la police : 10
• Il peut être plus approprié d’adopter une numérotation suivie des notes au lieu de recommencer à 1 à chaque page.
• Une note ne doit pas présenter des paragraphes distincts. 
• Les références bibliographiques doivent préciser l’initiale du (ou des) prénom, le nom de l’auteur en PETITES CAPITALES, le titre de l’ouvrage en italique, s’il y a lieu le traducteur, la ville d’édition (sous sa forme française), la maison d’édition, la date de l’édition, et enfin la page.

  • Les titres des articles figurent entre guillemets

Exemple : E. FINK, Le jeu comme symbole du monde, trad. H. Hildenberg et A. Lindenberg, Paris, Les éditions de minuit , 1966, p. 31.

• Selon l’usage, pour les auteurs majeurs (par exemple, Descartes ou Kant) on peut se passer du prénom ou de l’initiale du prénom. Mais il est parfois difficile de dire si un auteur est capital ou pas (par exemple, Arendt).
• Pour un auteur contemporain qui est en vie, son nom sera précédé de son prénom ou de l’initiale de son prénom. On peut rajouter M. pour Monsieur et Mme pour Madame. Par exemple, Mme F. Dastur ou Mme Françoise Dastur, ou F. Dastur ou Françoise Dastur.
• Dans le cas de deux auteurs, séparer les noms par des virgules et non par un « et ». S’ils sont plus de quatre, on peut citer le premier auteur suivi d’un « et al. »
• Le renvoi à une page est noté « p. 12 » avec un espace entre p. et le chiffre arabe. Le renvoi à plusieurs pages est noté « p. 12-31 ».
• S’il s’agit d’un article de revue, l’usage est de donner son titre en italique comme pour le titre d’un livre. Le titre de la revue sera également en italique, suivi du tome, puis de la date qui doit être entre (parenthèses). Le titre de l'article lui-même est donné entre guillemets.

Exemple : P. Rodrigo, "Présentation", dans Les études philosophiques, 4 (2002)

• Dans le cas où la revue n’a pas de numéro de tome, il faut faire figurer l’année sans parenthèse avant le numéro du fascicule.

Exemple : É. Escoubas,  "Parcours de la topologie dans l’œuvre de Heidegger", dans Les Temps Modernes, 2008, n° 650, p. 158-173.

• Dans le cas d’ouvrages collectifs, il faut mentionner le ou les éditeurs scientifiques après avoir cité le prénom (ou l’initiale) de l’auteur, son nom, le titre de sa contribution entre guillemets, la mention “dans”, le titre de l’ouvrage en italique, la maison d’édition, la ville et l’année.

Exemple : L. Brisson, "La participation du sensible à l’intelligible chez Platon", dans Platon, les forms intelligibles, éd. par J.-F. Pradeau, Puf, Paris, 2001.

• Les abréviations sont utilisées : 
- Pour reciter un ouvrage référencé immédiatement avant : Ibid.
- Pour reciter la page d’un ouvrage référencé immédiatement avant : Ibid, p. 247.
- Pour reciter un ouvrage dont la référence est éloignée : Kant, op. cit.
- Pour reciter la page d’un ouvrage dont la référence est éloignée : Kant, op. cit. p. 247
- Si la référence est trop éloignée ou que d’autres ouvrages de l’auteur ont été entre temps cités : Kant, Critique de la Raison pure, op. cit.